Sur ce site unique en Europe, la rivière Tarn quitte le Massif Central pour rejoindre le Bassin Aquitain. Une chute naturelle de près de 20 mètres fournit une force hydraulique considérable, qui est exploitée par la centrale hydro-électrique d’Arthès. Le Caramentran désigne l’immense rocher marquant l’essoufflement final du vieux Massif central qui s’éteint là en déposant ses ultimes schistes.
Puis le Tarn et le temps ont sculpté cette gorge profonde et étroite aux pans escarpés et sauvages produisant une chute naturelle d’une vingtaine de mètres de hauteur jonchée de tourbillons, courants rapides, embruns et d’assourdissants vacarmes.
Quant au Saut de Sabo, il illustre plus précisément le défilé rocheux monumental sur près de 500 m en amont du pont d’Arthès.
Ce que firent les hommes grâce à un vaste réseau de canaux qui alimentaient sur les deux rives les nombreux moulins (à partir de 1373), une papeterie (1639), un martinet à cuivre (1687), une filature… Ce qui vaudra au lieu, sur les rives côté Saint-Juéry, son appellation de « hameau des moulins ». Enfin, en 1824, deux industriels toulousains décidèrent d’y implanter leur usine où l’énergie hydraulique faisait fonctionner les machines et plus tard des centrales hydroélectriques.
Cependant, la rivière ne manque pas de réserver aux hommes quelques surprises afin de leur rappeler son naturel imprévisible.
Gare aux soudaines colères du Tarn et à ses fameuses « tarnades » !
Un lieu fascinant où courent histoires et légendes… Parmi elles, l’une raconte qu’au Xe siècle, une troupe de pèlerins se rendant à Conques, emprunta l’étroite passerelle en bois pour traverser le flot.
Gilbert Boyer, « Caramentran en Saut de Sabo », La Revue du Tarn, n°174, juillet-septembre 1999, pp. 283-302.